Viveka - Une yogi/anthropologue réfléchit
“… the seeds of false knowledge are to be burnt up through uninterrupted yogic
practices to maintain an unbroken flow of discriminative intelligence (Viveka).” 1 -
B.K.S. Iyengar on sutra 2.26
Qu'est-ce que cela signifie exactement? Je veux proposer que cela a à voir avec notre dialogue intérieur. Celui se dresse comme une barrière entre nous et la réalité à laquelle nous sommes confrontés à chaque instant. Les pratiques yogiques développent la connaissance de soi et devenons plus capables d'être dans le le moment présent sans pensées inutiles. Nous pourrions alors être en mesure de calmer ce dialogue intérieur qui pollue généralement nos pensées avec des préjugés (sutra 1.2). Viveka, la conscience discriminante, nous aide à filtrer nos idées préconçues, nos pensées perturbatrices et nos jugements. Les anthropologues décrivent ce processus comme «révélant nos hypothèses prises pour acquises». Pour les anthropologues c'est une méthode qui permet de voir et d'entendre nos informateurs clairement sans apporter le bagage de notre propre culture dans nos interactions et leurs sociétés. Pour les yogis ce processus est interne, c'est une prise de conscience de nos jugements à mesure qu'ils surgissent. Le bagage de nos histoires sont comme des filtres qui colorent notre vision.
Viveka est la clé pour démêler la toile de nos propres pensées, un tissu pour nettoyer notre lunettes, une clé pour ouvrir notre cœur et voir clairement la réalité telle quelle. Combien de fois vous est-il arrivé que votre professeur vous demande pendant que vous faites un asana, "Est-ce que cette jambe est droite?" et vous répondez "Bien sûr que ça l'est", seulement pour ressentir ce qu'est vraiment droit quand le professeur doucement détend votre jambe. En un sens, il est plus facile de prendre conscience de son corps que de ses pensées. Le physique est plus tangible et un enseignant peut vous pousser à voir vos propres schémas physiques, mais pour le changement de modèle des pensées, c'est plus complexe comme l'explique le révérend Jaganath Carrera. Pour lui, nous changeons de modèles que lorsque nous avons souffert suffisament, physiquement ou moralement. Nous pouvons changer notre façons d'être ou de faire que quand nous nous trouvons à la croisée des chemins.
Viveka est un processus très complexe pour notre conscience, qui prend du temps et qui n'est jamais terminé. Avec ce processus, nous sentons que le seul moyen de sortir de ce brouillard de préconception, alimenté par des sentiments forts tels que la peur, la colère ou la passion, est d'aborder le processus avec bienveillance envers nous-mêmes et les autres et adoptons une vision à long terme d'humilité (sutra 1.33).
Par moment de grâce, je me vois juger rapidement, je prends un moment de recul, j'entends mon cœur battre, ma respiration s'apaiser er je regarde à nouveau. Est-il possible que j'ai laissé mes suppositions passées et mon esprit décider pour moi? Cette subtilité de mouvement de va-et-vient entre être et agir devient une seconde nature?
Viveka, la conscience discriminative, est devenue pour moi une clé pour démêler non seulement la philosophie yogique, et aussi le moteur pour synchroniser le corps et l'esprit.
Patanjali nous dit dans la sutra 1.12 que nous devons abandonner les fruits de la pratique, et pourtant il dit aussi qu'à mesure que nous progressons dans le Yoga, il y a des signes incontournables que nous avons mûri dans cette pratique. Non seulement que nos jambes seront plus détendues, mais notre comportement est plus généreux, nous nous sentons plus à l'aise avec ce qui est et nos proches seraient plus heureux. (B.K.S. Iyengar, Light on the Yoga Sutras, p.136.)
Pour l'anthropologue, ce processus prend forme sur le terrain par des notes détaillées qui sont analysées pour rédiger le récit de sa rencontre avec ses informateurs. (Voir Ruben Vasquez - www.simple-yoga.org)