Questions Posées par le Centre de Yoga Artemis
Artemis Yoga interviewe ses membres du personnel. Voici mes réponses à leurs questions.
À QUOI RESSEMBLE VOTRE PRATIQUE DU YOGA EN CETTE PERIODE DE DISTANCIATION SOCIALE?
Alors que nous entrons dans la 7ième semaine de confinement, j'ai eu beaucoup plus de temps pour pratiquer seule et aussi pour suivre des professeurs du monde entier. Dans ma pratique à domicile, je me suis concentrée sur mes inversions. Les inversions et les postures qui ouvrent le thorax sont très importantes durant cette période. Comme j'ai plus de temps à la maison, je m'entraîne le matin et je donne des cours en zoom. Maintenant que le monde est ouvert en Zoom, je prends des cours avec des professeurs que je ne peux pas rencontrer au quotidien. Donc le Zoom, qui n'est pas idéal devient une opportunité.
Ma pratique du yoga est aussi une pratique hors du tapis. Au fil de ma journée, mes tâches deviennent une opportunité pour pratiquer la présence (avec plus ou moins de succès !). Je pense que cette période peut devenir une retraite, pratyarah, c'est-à-dire je me déplaçe vers l'intérieur (dans tous les sens de l'intérieur). Ce retour sur soi m'a obligé à voir clairement certains de mes schémas. Je suis également confrontée à ma colère et à mon stress concernant la pandémie et nos circonstances politiques. Etre de service, enseigner, est encore plus important pour moi dans cette période. Le calme de ma pratique individuelle et de mes journées est équilibré en suivant des cours et en enseignant en ligne. La sérendipité de rencontrer des amis et d'être en studio et d'enseigner face à face me manque. Je suis reconnaissante pour ce que j'ai, pour ce qui est mon lot quotidien. Ce confinement me met face à face avec le changement rapide de la vie humaine. Être présent dans l'instant a pris un nouveau sens.
QU'EST-CE QUI VOUS INSPIRE POUR BOUGER, APPRENDRE ET ENSEIGNER?
Mes partenaires dans mes différents groupes de philosophie de yoga sont très importants. Hier par exemple, nous discutions l'idée du pratyarah, le cinquième aspect du yoga, cet aspect qui pour BKS Iyengar est une charnière vers les parties plus méditatives du yoga. J'ai compris alors que pratyarah, en ce moment, est le confinement lui-même. BKS Iyengar compare le processus de pratyarah (déplacement des sens vers l'intérieur) comme une fleur redevenant un bourgeon. Cette métaphore était pour moi un exercice d'esprit, mais maintenant c'est devenue une réalité. Quelles sont donc les qualités d'un bouton floral ? Un bourgeon a de la fraîcheur, de la pureté et de l'intégrité, se retirer à l'intérieur et être silencieux pourrait nous permettre de recréer de la fraîcheur dans nos vies. Le confinement pourrait nous permettre de voir le monde avec des yeux différents. Un bourgeon a aussi de la pureté, c'est l'état avant que la fleur ait été touchée par le vent et ait pu perdre quelques pétales. Quand vous vous calmez, vous regardez dans votre cœur. Vos actions pourraient devenir plus conformes à ce qui est essentiel. Cela amène une vision claire. Un bouton floral a de l'intégrité, c'est en potentiel la beauté de la fleur. Le confinement pourrait nous aider à voir clairement quel est notre potentiel, notre darma. Est-ce que le confinement pourrait nous aider à répondre à la question de Mary Oliver "qu'est-ce que tu vas faire de ta vie précieuse et sauvage?"
Je lis beaucoups de philosophie, de litérature, de poésies et j'écoute des conférences. Evidemment, cela ne signifie pas, bien sûr, que je suis toujours heureuse et bien. Mais, cette opportunité m'a permise de découvrir ce qui est vraiment important pour moi.